L’Egypte a réagi à l’annonce par le groupe terroriste État islamique de la décapitation de 21 chrétiens égyptiens en Libye : les forces armées égyptiennes ont bombardé ce lundi les positions libyennes de Daesh, (l’acronyme en arabe de l’EI) faisant de 40 à 50 morts dans les rangs des combattants islamistes. D’autres frappes aériennes devraient avoir lieu ce lundi.
L’armée de l’air égyptienne a bombardé lundi matin des positions de l’Etat islamique en Libye suite à la diffusion de cette vidéo. Le pays a annoncé un deuil national de 7 jours et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a convoqué d’urgence le Conseil national de défense. Il a prévenu : l’Égypte se réserve le droit de venger ses morts quand et comme elle le décidera, et avait juré de punir les « assassins » de la manière « adéquate ».
C’est la première fois que l’Égypte reconnaît publiquement avoir mené une attaque sur le territoire libyen. Le Caire avait été accusé en 2014 d’avoir mené des frappes similaires, mais avait alors nié.
« La frappe a atteint ses objectifs avec précision », et les pilotes sont rentrés sains et saufs, a déclaré l’armée égyptienne.
Dans un entretien à la télévision Al Arabiya, Saker al Djorouchi, commandant des forces aériennes fidèles au gouvernement libyen officiel, a précisé avoir visé la ville de Derna, dans l’est du pays.
« D’autres frappes aériennes seront menées aujourd’hui et demain en coordination avec l’Egypte », a déclaré Saker al Djorouchi précisant que les frappes de ses forces aériennes avaient tué 40 à 50 combattants islamistes, détruit des réserves de munitions et des centres de communications.
L’EI en Libye
La vidéo n’a pas encore été authentifiée, mais on y voit l’assassinat de 21 personnes que le groupe terroriste présente comme 21 Égyptiens coptes. Ils auraient été enlevés en décembre dernier à Syrte, sur la côte libyenne, ville dans laquelle ils travaillaient.
Cette nouvelle vidéo est différente des autres, parce qu’elle est tournée en Libye, et non dans les zones que le groupe terroriste contrôle, en Irak et en Syrie. Une première selon les spécialistes. Le groupe État islamique démontre de cette manière qu’il peut exporter ses méthodes barbares.
Autre différence, cette fois, c’est l’Égypte qu’il prend pour cible, même si ses revendications sont floues. Selon un des porte-paroles de Daesh, l’acte visait à venger Oussama ben Laden tué et jeté à la mer. Le groupe jihadiste dit aussi qu’il agit de représailles à d’anciens incidents : l’Église avait notamment été accusée d’avoir empêché la conversion à l’islam des épouses de deux prêtres coptes.
Les monarchies du Golfe et l’Iran condamnent les décapitations
Les Emirats, riche pays pétrolier et l’un des principaux bailleurs de fonds du gouvernement du président Abdel Fattah al-Sissi ont dénoncé « ce crime odieux perpétré par le groupe terroriste » EI. Ils réaffirment « leur soutien et leur solidarité totale » avec les Egyptiens. Il en est de même pour le Bahreïn, le Koweït et la Jordanie qui dénoncent « le crime ignoble » et « odieux » de l’EI, « sans rapport avec une quelconque religion ».
La porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Marzieh Afkham, a « condamné vivement le crime inhumain du groupe terroriste takfiri Daech », selon le site du ministère. »Les responsables de cette action terrible (…) ont pour objectif de perturber les relations entre les fidèles des religions monothéistes dans l’intérêt du régime sioniste », a dit la porte-parole.
Le Conseil de sécurité qualifie d’acte « lâche et odieux »
Dans une déclaration unanime, le Conseil de sécurité « condamne fermement cet acte lâche et odieux (…) qui démontre une nouvelle fois la brutalité de l’EI ».
Les membres du Conseil « réaffirment que l’EI doit être mis en échec et que l’intolérance, la violence et la haine doivent être éradiquées ».
Ils soulignent que « de tels actes de barbarie perpétrés par l’EI ne les intimideront pas mais renforceront leur détermination » à combattre les djihadistes. Ils rappellent les résolutions déjà passées par le Conseil de sécurité que les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et français François Hollande, ont appelé à se réunir pour décider de « nouvelles mesures » contre l’EI.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a pour sa part dénoncé « un acte barbare » et a affirmé que « le dialogue est la meilleure chance d’aider la Libye à surmonter la crise actuelle »
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