Dans son discours commémoratif du 41e anniversaire de la Marche verte, adressé aux Marocains pour la première fois en dehors de leur territoire, depuis Dakar, le roi Mohammed VI a expliqué que la décision du retour du Maroc à l’UA est consubstantielle à la défense de l’intégrité territoriale.
Le choix est symbolique. Le cadre aussi. Pour la première fois, Mohammed VI s’adresse à la nation avec une image en arrière-fond qui montre le continent africain. C’est en effet la première fois qu’un discours royal commémoratif d’un événement national historique est prononcé en dehors du territoire national, depuis le Sénégal.
Un choix inédit qui enracine le Maroc dans son continent. « Le Sénégal a pris part, aux côtés d’autres pays, à la Marche verte », explique le souverain, en prélude à un discours d’une très haute portée politique. Décryptons: le Sahara marocain est au cœur de la symbolique du choix du Sénégal pour célébrer une date phare dans le processus de parachèvement de l’intégrité territoriale du royaume: la Marche verte. Autrement dit, la lutte légitime pour la marocanité du Sahara se jouera désormais et surtout au sein des institutions africaines.
Voilà, nous y sommes. La décision du royaume de réintégrer l’Union africaine est consubstantielle à la défense de la première cause nationale. Le Maroc, grâce à la vision à la fois pragmatique et anticipative du souverain, ne laissera pas le champ libre aux ennemis de l’intégrité territoriale pour initier des actions hostiles au royaume à partir de l’Union africaine.
Une décision qui inscrit désormais l’action diplomatique marocaine sur le mode de la rupture avec la politique de la chaise vide, exploitée à fond par la partie adverse pour nuire aux intérêts du Maroc, avec à leur tête la question de son intégrité territoriale. Il est en effet temps de fermer la parenthèse de 32 ans d’absence de la structure panafricaine, dont le Maroc, faut-il le préciser encore une fois, est membre fondateur.
Un retour pour rompre avec la politique de la chaise vide mais aussi pour actionner les leviers de l’expulsion de l’entité séparatiste, qui y a été admise indignement grâce notamment au voisin algérien, qui ne fait aucun mystère de son hostilité résolue aux intérêts de son voisin marocain.
A ce propos, un recadrage royal s’est imposé en réponse aux gesticulations observées à l’autre bout de la frontière pour tenter d’entraver ce retour somme toute naturel du Maroc au sein de sa famille africaine. « Le Maroc n’a demandé la permission à personne pour retourner au sein de sa famille africaine », a en effet affirmé Mohammed VI.
Un retour naturel non seulement du fait de la géographie, -les racines marocaines plongent profondément en Afrique, comme l’a si bien souligné feu Hassan II-, de l’histoire de lutte commune pour se libérer du joug du colonialisme, ou des affinités culturelles et spirituelles fortes qui lient le royaume aux pays africains, proches ou lointains, mais aussi du fait de l’inscription effective, volontariste et efficace du Maroc dans les efforts de développement du continent.
Fort d’une expertise et d’un savoir-faire très apprécié des pays africains, dirigeants et peuples confondus, le royaume entend faire jouer, comme l’a bien affirmé le souverain, son influence à l’international pour faire entendre la voix de l’Afrique. Le Maroc pèsera ainsi de tout son poids pour aider ses partenaires africains à prendre de vitesse le train du développement.
En somme, tout un projet pour l’Afrique porté par un roi visionnaire et pour qui l’Afrique est d’abord et surtout une affaire de communauté de destin. D’ailleurs, nombre de dirigeants africains ambitieux et pragmatiques ne cachent plus leur fascination pour le souverain et leur intérêt pour le modèle marocain.
Par Ziad Alami
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